Dévoluy - Crête d'Âne et Corne

Je dépasse la gare du téléphérique du Pic de Bure, réservé au personnel travaillant sur le site de l'interféromètre de l'institut de radioastronomie millimétrique (IRAM) et me gare sous le premier pylône :

Avec seulement 7°C au départ, il fait bien plus frais qu'à Gap, alors je conserve short et T-shirt quelques temps, en attendant de me réchauffer dans la montée entre la Cabane de l'Avalanche et la bergerie.

Après cet effort, et une fois sorti de la fraîcheur humide de la forêt, les rayons généreux du soleil m'autorisent enfin à me mettre dans ma tenue préférée :

À l'entrée du Vallon d'Âne, je retrouve ce paysage magnifique découvert lors d'une randonnue en 2012, avec la Crête d'Âne à gauche et le Pic de Bure (2709m) au centre :

Le sentier, très agréable, monte doucement et offre, au fur et à mesure, un point de vue très changeant sur cette étonnante crête :

Derrière moi, je retrouve le chalet du Vallon d'Âne et cette mer de nuage qui a envahi le centre du massif et recouvre presque intégralement le Trièves :

La crête, assez large dans sa partie inférieure, commence à montrer ses éperons sommitaux :

En entendant des voix au dessus de moi, j'enfile tranquillement mon short rapide avant de croiser une femme et un homme tout emmitouflés dans leurs vêtements. Je ne sais pas s'ils m'on vu nu, mais rien que la différence de tenue a dû bien les surprendre… 

Je ne peux m'empêcher de faire des pauses uniquement pour admirer le paysage ! De cette immense brèche constituée par le Pas du Follet émerge le Pic de Bure et cette enfilade de crêtes abruptes. Magistral !

Ça monte encore un peu, mais j'y suis presque !

Dans l'axe de la crête, la vue à 180° est… Désolé de me répéter, mais je ne trouve plus de synonymes à superbe, magnifique, grandiose, etc. Bref, c'est l'extase visuelle !

Dernier regard en arrière sur le Vallon d'Âne avant de basculer à l'Est de la crête, dans le Vallon Froid :

De ce côté, la crête possède des courbes plus arrondies, mais il ne faut pas s'y tromper, cette bare rocheuse est impressionnante.

D'autant que le sentier passe juste à côté. On se sent bien petit…

Avant qu'il ne disparaisse derrière le relief, j'immortalise une dernière fois le Pic de Bure dans ce décor de rêve :

Depuis le départ, je suis sur un itinéraire de trail balisé (N°5) mais la trace, par moments, n'est pas très marquée, preuve d'un usage assez limité propice à la randonnue !

La végétation est assez pauvre en cette fin septembre : il ne reste presque plus de fleurs et on sent qu'elle se prépare à affronter les rigueurs de l'hiver. Je trouve néanmoins quelques champignons…

… et de grandes quantités de myrtilles dont les myrtilliers forment de chatoyants tapis allant du vert au rouge en passant par l'orangé. Si vous regardez attentivement les autres photos, vous verrez : toutes ces tâches rougeâtres dans la végétation, ce sont des myrtilliers.

Ça saute aux yeux maintenant, hein ?

Et me voici finalement en bas de ce beau Vallon Froid enserré entre la Crête de Peyne, à gauche, et celle d'Âne, à droite :

Je rejoins alors la large piste carrossable qui permet aux véhicules d'accéder à la cabane ou à la bergerie :

Il est déjà plus de 13h00. Je fais donc une pause repas sur un gros talus à l'écart de la piste. A vrai dire, je me régale bien plus de la vue que de mon pique-nique…

Pour compléter mon repas, je croque quelques myrtilles mais, faute de sucre, elles sont un peu fades. Et comme il me reste encore quelques kilomètres à parcourir, hors de question d'en cueillir pour les déguster à la maison.

Le repas fini, je reprends ma route en croisant mon chemin du matin au niveau de la bergerie. Au pied de la montée vers le Plateau de Bure par la Combe Ratin, j'entends le troupeau de brebis au dessus de moi. Je me recouvre donc pour éviter de surprendre le berger qui s'avère être, comme c'est de plus en plus fréquent, une bergère.

Presqu'au même moment, je croise également deux hommes qui descendent du plateau. Je décide donc de garder le short un moment sur cet itinéraire davantage couru.
Le sentier monte raide par ici avec 30 à 40% de pente ! Mais ça me va bien, je gère de mieux en mieux ce type d'effort. Je m'autorise tout de même de petites pause pour observer, à ma droite, le rocher de Corne :

Et à ma gauche, la Crête d'Âne dont je découvre encore un autre point de vue. Notez en bas, à gauche, la cabane qui permet de donner une échelle à l'ensemble :

Après cette montée un peu raide, changement d'ambiance… Je rentre dans une combe qui donne sur la Tête de Chau.
A vrai dire, quand j'ai tracé cet itinéraire, ce qui m'intéressait le plus, c'était le tour de la Crête d'Âne. Mais cette boucle me semblant trop courte, je l'ai cumulée avec cette deuxième boucle autour du rocher de Corne, sans avoir la moindre idée de ce à quoi cela ressemblait ni si ça présentait le moindre intérêt…

Et là, je dois avouer que je me prends une grande claque !

Face à moi, la Combe Ratin dans laquelle on voit bien le sentier qui permet d'accéder au Plateau de Bure :

Mais c'est à 360° que l'on se rend le mieux compte de l'aspect grandiose du lieu. C'est d'une telle splendeur que je me sens réellement tout petit dans cet univers extraordinaire !

Je reste en extase un bon moment devant ce spectacle de la Nature. N'ayant pas bien étudié les lieux, mon seul regret est de n'être pas monté au sommet du rocher de Corne. Outre le changement de point de vue, je n'ai pas pu observer l'entrée du chourum de la Traversée Héroïque. S'il en était besoin, ça me donnera une bonne raison d'y retourner.

Je m'engage maintenant dans la combe de Denflairar surplombée par l'un des pylônes du téléphérique de l'IRAM. 1500 mètres de dénivelée séparent le pylône du fond de la combe ! La télécabine semble tellement minuscule…

Et pourtant, on voit bien qu'elle est de belles dimensions :

Je ne m'en lasse pas… Et encore, la photo ne rend pas bien le côté grandiose de ces lieux.

Je contourne le rocher de Corne vers son versant Ouest.

Et j'entre dans le Vallon de Corne qui est déjà dans l'ombre des crêtes de Baume Noire.

Dans ce secteur ombragé, bien que la température doit être assez fraîche dans l'absolu, je n'ai absolument pas froid. Je peux même dire que la température est idéale ; depuis ce matin, quelle que soit la température et l'exposition au soleil, j'ai toujours profité au maximum de ce ressenti si particulier que seule la nudité permet.

A force de faire des pauses photos, je suis rattrapé par un couple que j'avais observé dans la Combe Ratin. Je me couvre un moment puis décide de m'arrêter pour les laisser passer et ainsi pouvoir me remettre nu. J'en profite pour faire ce cliché à la limite de la zone d'ombre, le soleil affleurant les crêtes 1600m plus haut :

Encore une fois, les photos ne font pas honneur à la majestuosité des lieux. Il faut vraiment le vivre pour le ressentir et s'en émouvoir.

Le vallon se termine par un petit verrou qui marque bientôt la fin du sentier. Je sais que la dernière partie se fera sur une large piste caillouteuse moins agréable ; alors encore une fois, je traîne un peu pour profiter à fond de cette chance de pouvoir ressentir de telles sensation.

Comme je m'y attendais, le retour à la voiture est moins sympa, mais nu et baigné de soleil, je savoure tout de même pleinement l'instant présent !

Sur la route du retour à la maison, je prends un dernier cliché qui permet de deviner mon itinéraire du jour : départ au pied des câbles du téléphérique, à droite; première boucle autour de la crête d'Âne sur le quart gauche ; traversée vers le centre pour la deuxième boucle autour de la Corne sur le quart droit ; retour à la voiture sous la ligne de câbles :

Que cette journée fut riche en émotions ! Quel dommage de n'avoir pu la partager avec d'autres amateurs de randonnue, mais je ne manquerais pas de la proposer dans le futur ; à réserver tout de même aux marcheurs un peu sportifs et en dehors des week-ends ou vacances. Pour les amateurs de chiffres, cet itinéraire fait environ 11,3km avec 890m de dénivelée. Cette sortie a duré 6h00 (dont près de 5h00 nu), mais j'ai vraiment pris mon temps.