Embrunais - La Gardette
- Le 21/06/2018
- Dans 2018
- 6 commentaires
Préambule : à l'occasion de son "baptême" de randonnue, c'est Sarah, avec qui j'ai eu le plaisir de partager cette extraordinaire journée, qui a eu la gentillesse de faire ce récit. Un grand merci à toi pour ta générosité naturelle et nos échanges riches de partage.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Sarah, artiste aux multiples talents rencontrée à l’Interclubs URN PACA-Corse, je vous invite à découvrir son Atelier La Terre du Chat Bleu ainsi que sa page Facebook dédiée.
Le naturisme a été un élan naturel me concernant, au début de l'âge adulte. Mais à l'époque, sans aucune référence, pas de moyen concret dans mon esprit de le vivre vraiment. Je découvre en 2016, à 33 ans, la possibilité de pratiquer réellement, dans une zone dite "naturiste", une plage au bord du lac de Serre-Ponçon. Un tournant dans ma vie, une révélation, un soulagement, si facile, si simple... ! Mais randonner nue... C'était un rêve, avec une grosse interrogation sur le fait que ce soit possible ? Oserais-je ? Où ? Quand ? Comment ?
Suite à une rencontre préalable et à un échange sur cette pratique, nous voilà donc Franck et moi parés pour une randonue ! Au départ, vers 10h15, nous ne sommes pas seuls, quelqu'un est là, mais il nous dit revenir du col de la Gardette, où nous avons prévu de passer, et s'en va en nous souhaitant une bonne journée. Nous sommes donc seuls pour le départ, qui se fait donc directement en tenue naturelle ! Et... quelle simplicité ! Quelle... évidence ! Cela se fait si naturellement !
Le temps est couvert, cependant, en marchant, il fait bon, et même, cette couverture nuageuse est agréable finalement, en nous évitant un ensoleillement trop direct ! Un départ tout en douceur, dans une belle ambiance particulière.
J'avais pris la décision de faire la randonnée vraiment nue, donc sans chaussures, autant que possible. J'ai quand-même pris une paire de sandales avec de très bonnes semelles, au cas où. Cette décision car, depuis l'an dernier, j'ai eu cette révélation et cette envie soudaine de courir pieds nus, en montagne, sur les chemins de terre, suite à une discussion avec un ami qui m'avait recommandé de me reconnecter à la terre en marchant souvent pieds nus.
Sur ce chemin, au départ carrossable et plein de pierres, je me demande comment vont réagir mes pieds. Mais bien, en fait ! En faisant relativement attention, avec cette conscience dans cette partie du corps qu'on a pas avec des chaussures, l'expérience est très intéressante, agréable et révélatrice !
En chemin, les fleurs de montagne nous éblouissent : narcisses, globulaires, orchis sureau, primevères hirsutes, gentianes printanières, de Koch, alchémie (avec ses perles de rosée transformées en argent !), rhododendrons, dryades à huit pétales (ou chênette)... C'est toujours un régal de pouvoir les contempler, s'y plonger du regard, s'y noyer...
Le temps n'existe plus, seul l'instant est, dans la contemplation, dans la conscience du corps en mouvement, dans l'infinie douceur de l'air au contact de la peau, de toute la peau, bain de lumière douce, et dans le contact avec la Terre.
Nous arrivons au col de la Gardette après environ 1h20 de marche... et de photos... la tête dans les nuages ! Quelle ambiance ! Tant pis pour la vue... quelque peu bouchée !
Là, juste derrière le relief, il y a deux personnes. Nous nous recouvrons pudiquement et respectueusement avec un paréo avant de passer le relief et d'aller à leur encontre. C'est si simple et si facile !
Un peu plus loin après le col, nous nous découvrons à nouveau, c'est tellement mieux !
Là, derrière le col, nous passons tout près de la neige, il en reste, il y en a tellement eu cet hiver ! Des chutes vraiment exceptionnelles...
Nous arrivons au bout du promontoire, en passant devant un cairn vraiment splendide !
Nous prenons la décision de faire la boucle que Franck avait prévue, sous les Aiguilles de Chabrières, passer par la cabane de Font-Renarde, et remonter en passant par la cabane de Corbières.
Le ciel s'ouvre, et nous accueillons avec joie ces éclaircies bienfaitrices, cette lumière et cette chaleur solaire sur le corps.
La descente dans la partie rocheuse me demande de remettre les sandales. Là, ce ne sont vraiment plus que des rochers, aux reliefs vifs !
Dans la descente, nous croisons de petits êtres sympathiques : un escargot des haies, un coléoptère, du lotier corniculé très orange !
Et... deux autres personnes, que nous n'avons pas vues avant d'être presque nez à nez ! Nous nous couvrons. C'est un couple, sympathique et ouvert en train de pique-niquer. La dame nous dit : "Oh, vous savez, on sait comment on est fait ! Ne vous en faites pas !". Ils nous félicitent pour la randonnée que nous avons choisie, nous disant ne pas faire tout à fait le même dénivelé !
En arrivant en bas, là, dans le creux du petit ru, nous avons la magnifique surprise d'apercevoir un chevreuil ! Il nous toise, avant de partir au trot en marronnant ! J'ai eu le temps de faire quelques photos ! Nous ne voulions pas le déranger bien-sûr... Si seulement nous pouvions mieux communiquer... Cette rencontre fortuite nous laisse un instant rêveurs, et heureux de ce bonheur simple, de ce privilège de pouvoir être au contact de la nature, si diversifiée, si belle, vivante et sensible.
Nous repartons le cœur encore plus heureux !
Dans ce creux de verdure, j'ai pu retirer à nouveau mes chaussures et retrouver le contact avec la Terre. Le chemin se redresse à nouveau, mais doucement, nous entamons la remontée.
Il est bientôt 15h00, et je me rends compte que je commence à avoir faim, pour la première fois depuis la veille ! Être dans l'instant présent, c'est nourrissant, générateur d'énergie et tellement bienfaisant !
Franck aussi sens l'appétit arriver, nous nous mettons en quête d'un coin relativement plat et à l'ombre des mélèzes, parmi les derniers avant de retrouver les pelouses alpines. Nous trouvons l'endroit parfait un peu plus loin, et nous délectons de cet instant de restauration et de ressourcement. C'est si simple, si agréable.
Deux personnes passent sur le chemin en contrebas, puis nous regardent avec insistance, je les entends presque penser : "Non mais... Ils ont une drôle de tenue... Mais on dirait bien qu'ils sont nus !". Comme nous sommes relativement loin, et assis dans l'herbe, nous ne changeons rien, et ils finissent par partir simplement. Après environ une heure de pause, ou peut-être une heure et demie (?), nous repartons.
Nous arrivons à nouveau dans les pelouses alpines. La vue est dégagée, le ciel s'est bien ouvert. Cette ambiance de montagne, d'altitude, je ne m'en lasse pas. Je m'en nourri depuis si longtemps.
Aujourd'hui, la saveur est pourtant particulière, comme si la communion avec le lieu, les ressentis étaient tous plus forts...
Nous repassons le col, puis reprenons à l'envers le chemin de montée. Avec cette nouvelle lumière, l'ambiance est différente de l'aller.
La lumière est belle dans la forêt, et sur les fleurs que Franck reprend en photo, car elles apparaissent différentes sous ce nouveau jour.
En retrouvant la route forestière de la dernière partie (la première en montant), j'ai besoin de remettre mes sandales une dernière fois. Je prends la mesure de tout ce que mes pieds ont supporté ! J'ai tellement de gratitude ! Pour mes pieds, pour mon corps, pour le lieu, pour la lumière, pour tous les êtres que nous avons croisés, et pour Franck et moi, d'être là, simplement. D’Être.
De retour à la voiture, vers 19h00, je prends la mesure de l'impact de cette journée par sa simplicité, sont authenticité, ce retour à l'essentiel. Comment revenir en arrière maintenant ? Pas envie, pas vraiment possible.
Je ne sais pas encore comment se passeront mes prochaines sorties en montagne, une chose est sûre : je vais faire en sorte de pouvoir revivre ce sentiment si simple, et si puissant, d'être juste Soi, en communion avec la nature, le lieu choisi, en conscience de soi, dans le corps, et en conscience du lieu à travers le corps.
Un énorme merci à Franck pour cette expérience décisive ! Cette journée est le départ de quelque chose de nouveau tout en étant si naturel, que cela procure un sentiment de retour enfin à Soi. Comme retrouver un sentiment de bien-être, une quiétude longtemps oubliée, et enfin retrouvée. Joie d'être et quiétude que je vais m'employer à revivre aussi souvent que possible !
Commentaires
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- 1. Laurent Chiche Le 18/07/2018
Bravo... pour tout !!!
Je ne sais pas ce qui m'émeut le plus dans ce billet. La nature, la photographie, le partage, la première fois, le ton général, la palette des verts, le nu naturel ?
Extraordinairement tentant...
Bonjour Laurent,
Et bien, il suffit tout simplement de se laisser tenter. C'est que du bonheur !
Franck -
- 2. Alain Charbonnel Le 16/07/2018
Bravo d'avoir osé marcher pieds nus.
Je pratique également le nu "intégral", c'est-à-dire pieds nus et ça change tout.
Bonjour Alain,
Je dois avouer que ça me tenterait bien, mais avec l'association surpoids sur "petits" pieds sensibles, ça m'a toujours paru insupportable voire insurmontable sur nos sentiers caillouteux. Je suis donc admiratif de cette faculté !
Mais je ne perds pas espoir : avec encore quelques kilos en moins et un peu de courage en plus, ça sera peut-être jouable un jour.
Franck -
- 3. Jac Le 16/07/2018
Merci pour ce beau témoignage !
Et bravo Franck pour cet accompagnement et initiation faite tout en complicité et en sécurité ! Super.
Jac
Bonjour Jac,
Comme tu le sais, ça fait des années que je me morfond à randonnuer seul mais, en cette année 2018, je commence tout juste à avoir quelques contacts dans le coin. Alors quand la chance se présente de trouver des personnes qui partagent la même vision, il ne faut pas s'en priver !
Franck -
- 4. Christian Le 14/07/2018
Très beau ressenti de Sarah du plaisir de la nudité dans la nature et en voyant ces photos la randonnée était magnifique.
Bonjour Christian,
Hormis la météo un peu incertaine mais finalement assez intéressante le matin, on peut effectivement dire que c'était une magnifique randonnue. Si l'occasion se présente, je compte bien en faire une autre un peu plus physique dans le même secteur après les grandes vacances.
Franck -
- 5. Jacques Marie Le 13/07/2018
Bravo pour cette première fois... avec un accompagnant aussi entrainé !
Bonjour Jacques Marie,
Faut avouer que c'était une belle première fois, tant au niveau des paysages, des sensations, que des rencontres. Et côté entraînement, heureusement que j'ai pour moi l'expérience de la randonnue parce que côté physique, j'ai un peu moins la caisse que Sarah...
Franck -
- 6. Gibus Le 13/07/2018
Très beau reportage. Sarah, tu étais avec un pro de la photo, de la montagne et du naturisme. Mais attention c'est un sacré virus la randonue. Merci à vous deux de ce partage, bel été naturiste.
Bernard
Bonjour Bernard,
Merci pour tous ces compliments. Mais côté pro de la montagne, de la faune et de la flore, Sarah me surpasse très largement et m'a permis de découvrir pas mal de choses pendant les quelques heures de cette randonnue.
Pour ce qui est du virus, je pense qu'il était juste dormant mais, là, je crains bien qu'il ne se soit définitivement réveillé !
Bel été à toi aussi et au plaisir de se revoir.
Franck
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