Champsaur - Croix de Combeau
- Le 07/04/2018
- Dans 2018
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Il y a quelques années, j'ai eu l’occasion de découvrir en famille le superbe alpage de Combeau, niché au creux de la Petite et de la Grande Autane, sommets emblématique du bas Champsaur. Et bien naturellement, je rêve depuis longtemps de le découvrir en version hivernale. Pour cela, il existe deux itinéraires : depuis la station de ski de Serre-Eyraud ou celle de Saint-Léger-les-Mélèzes. Je privilégie cette dernière que je connais bien et qui a clôturé sa saison la semaine dernière malgré un enneigement encore conséquent et idéal pour cette sortie.
Malheureusement, à peine monté dans la voiture, quelques gouttes commencent à tomber. C'est pas très motivant mais, au pire, je resterai habillé. Arrivé sur place, je suis bloqué en bas de la route de Libouze par un bourrelet de neige, je m'équipe et entame la montée par la piste verte éponyme sous une chape de plomb. Il fait malgré tout relativement doux (5-6°C), ce qui me permet d'enlever assez rapidement la polaire et le pantalon :
Toute la première partie se fait sur les pistes de ski que je connais bien. Du coup, la marche est facilitée par la neige tassée, voire la glace en sous-couche, et c'est tant mieux car j'ai les jambes lourdes aujourd'hui. Heureusement, la vue sur les pistes et les sommets environnants est plutôt sympa. Ci-dessous, à gauche, le Vieux Chaillol a le nez dans les nuages alors que la Petite Autane, à droite, est bien dégagée :
En arrivant à l'extrémité de la piste verte des Chamois, à l’embranchement du sentier (une ancienne piste forestière, l'été) qui mène vers Combeau, je fais une dernière photo avant de ranger l'appareil à cause de la petite pluie qui s'est remise à tomber. Moi qui espérais enlever le T-shirt à cet endroit, c'est loupé !
Personne n'est passé par ici depuis fort longtemps et je m'enfonce à chaque pas de dix à trente centimètres. C'est assez fatiguant, façon footing dans la mer avec de l'eau jusqu'aux genoux mais je commence à avoir l'entraînement. A mi-chemin, j'ai la possibilité de prendre un raccourci mais il me parait trop pentu et insuffisamment enneigé. Je privilégie donc la piste VTT, bien plus longue, mais moins exigeante. Je progresse donc tranquillement, soufflant de temps en temps sur la dernière montée.
Et quelle n'est pas ma surprise et mon immense joie de voir le soleil percer les nuages et m’inonder de sa bienveillante chaleur ! C'est inespéré, alors en quelques secondes le T-shirt trouve sa place dans le sac à dos et je peux enfin profiter, dans ma tenue préférée, de la vue offerte depuis la Croix de Combeau :
Et quelle vue ! A gauche, la barrière Est du Dévoluy, en face le Vieux Chaillol et en contrebas le Drac (Blanc vers la vallée de Champoléon, Noir vers Orcière à droite) ; je reste plusieurs minutes à contempler le spectacle :
Bien que nous soyons début avril, le secteur étant à l'ubac (versant Nord) et à plus de 1800m d'altitude, l'épaisseur de neige est vraiment conséquente et donne une réelle impression de conditions hivernales. La vue sur les alpages de Combeau avec la Grande Autane à gauche et la Petite Autane à droite est d'une beauté exceptionnelle !
C'est tellement beau et je me sens tellement bien que je ne résiste pas à l'envie de partager mon bonheur sur mon profil Facebook. Je cale le smartphone dans la neige et tente un cliché miraculeusement bien cadré :
Les sensations ressenties sont vraiment indescriptibles, je me sens tellement privilégié de pouvoir vivre cela de cette façon !
Je continue sur le sentier qui a maintenant totalement disparu sous la neige en direction de la cabane de Combeau avec la Petite Autane en arrière plan :
Mais je m'arrête avant de l'atteindre car, d'une part, il faut que je ménage mes forces pour le retour et, d'autre part, j'ai des scrupules à déranger la faune locale, notamment les marmottes qui doivent encore hiberner quelques semaines.
Je me prépare donc à faire demi-tour...
Mais avant, il faut que j’immortalise tout ça !
Et c'est presque à contrecœur que je m'en retourne dans la forêt. J'emprunte finalement le raccourci que j'avais snobé à l'aller. Il y a plusieurs passage sans neige, mais également sans rocher alors malgré la pente, l'accroche est bonne avec les raquettes et j'arrive à bon port sans embuche... jusqu'au dernier mètre où je maîtrise mal une glissade et finis les fesses dans la neige ! Pas de bobo, je m'amuse même franchement de la situation...
A peine plus loin, je retrouve le sentier de l'aller avec cette belle vue sur la Petite Autane. Notez au passage le petit crocus à gauche, on est bien au printemps :
A noter aussi que j'ai réussi à retomber tout aussi bêtement en faisant ce cliché, plus concentré par la photo que par là où je mettais les raquettes ! Et pour la petite histoire, j'ai même chuté une troisième fois, exactement comme la première en tentant de glisser avec les raquettes sur une pente raide. Pas grave, c'était drôle !
Et puis tant qu'à se marrer, autant descendre tout schuss ! Ça file, dis donc...
Alors dès que je rejoins la piste des Chamois, en position de recherche de vitesse, je suis à fond ! Notez la dextérité du photographe pour assurer un si beau filé...
Quelle sensation étrange de marcher nu sur cette piste où je suis habituellement bien couvert, skis au pieds. Je suis un peu confus, la situation me parait paradoxale mais je m'y inscris totalement, avec plaisir et conviction : ici, tout de suite, je suis là ou je dois être et j'y suis merveilleusement bien !
Au pied de la piste des Champets, je suis surpris par un quad pendant que je fais cette photo. Me voyant nu, il n'ose plus avancer alors je me vois contraint de me rhabiller, un peu maladroitement (le sur-pantalon est plus pratique à enlever qu'à remettre) avant qu'il ne fasse demi-tour. Ce n'est pas bien grave, j'approche la fin du parcours et je prévoyais de me recouvrir à peine plus loin.
Je le recroise en arrivant à la voiture et le salue chaleureusement. Je suis encore torse nu mais il ne me fait pas de commentaire particulier, il n'en gardera sûrement pas un mauvais souvenir ! Quant à moi, des souvenirs, j'en garderai de magnifiques et il me tarde déjà de pouvoir y retourner ; mais pour cette année, pas sûr que j'ai l'occasion de ressortir les raquettes. Néanmoins, avec huit sorties raquettenues plus trois randos raquettes textiles, sans compter la bonne vingtaine de sorties ski, on peut dire que la saison a été exceptionnelle !
Côté chiffres, j'ai été nu pendant plus de cinq heures sur les presque six heures pendant lesquelles j'ai parcouru environ 14km et 630m de dénivelée.
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