Bochaine - Montagne d'Aujour
- Le 15/09/2018
- Dans 2018
- 0 commentaire
Ce samedi de mi-septembre s'annonce assez exceptionnel côté météo ; du coup j'hésite entre une rando sportive textile au Pic de Bure (14km, 1450m D+) et une randonnue à la Montagne d'Aujour. Le choix pourrait paraître évident, mais l'accès à ce sommet est un peu technique et, jusqu’à récemment, je ne m'en sentais pas encore capable, du moins seul. D'un autre côté, l'altitude du Pic de Bure (2709m) m'imposerait de me charger davantage en cas d'aléas météorologique.
C'est donc la randonnue qui l'emporte et qui m'amène à nouveau sur ce petit massif dont je décide au dernier moment de découvrir une nouvelle voie d'accès par le sud en passant juste à gauche de l'éperon rocheux (Roche Courbe), au centre de la photo :
Ouverte depuis une semaine, je crains de me retrouver au milieu d'une partie de chasse, mais tout au long de la piste jusqu'à la maison forestière de Bonsecours, je ne vois absolument personne. Du coup, j'en profite, et je peux partir nu de la voiture. Comme c'est agréable et de bon augure !
J'ai à peine parcouru quelques dizaines de mètres lorsque je découvre la stèle de Philippe T. (1958-1984) dont les plaques commémoratives m'ont particulièrement ému :
"Parti des villes pour arriver dans une ferme, petit citadin redevenu sauvage, j'ai enfin trouvé ma liberté, au milieu des enfants et des animaux sans cage ; j'ai pris le maquis et j'y reste caché. Ph. T."
"Ingénieur et professeur, il avait choisi pour s'y fixer ce pays ou chacun l'avait adopté pour son amitié et sa simplicité. Il aimait marcher en montagne. Parti joyeux sur ce sentier, il est tombé du sommet du Beynon le 12 septembre 1984. Il avait 26 ans."
C'est donc peut-être encore plus prudent qu'à l'accoutumée que je poursuis mon chemin sur un très agréable sentier en forêt, avec quelques sympathiques passages de gués sur le torrent de Bonsecours.
Au sortir de la forêt, la vue donne sur la crête Nord de la Montagne de Saint-Genis d'où j'avais bien apprécié la vue sur le lieu même où je me trouve :
Quelques passages un peu raides me font appréhender la descente, mais pour l'instant, j'apprécie toujours autant le sentier.
En moins d'une heure, j'ai rejoint le gîte des Oustaous et le plateau de Peyssier où je préfère renfiler le short car le risque de rencontres est bien plus important par ici.
Je n'ai pour l'instant gravi qu'un peu moins de la moitié des 1000m de dénivelée qui me séparaient du sommet et tout va bien. Je flâne presque au milieu des pâturages en appréciant la vue sur mon but :
Une voiture arrive au moment d'entamer la deuxième montée au dessus des ruines du Jas des Aigues où paissent quelques chevaux en liberté. Ses occupants vaquent à leurs occupations et moi m'en retourne à ma douce nudité.
Le sentier est lui aussi très agréable dans la forêt, et malgré un balisage quasi inexistant, il reste suffisamment lisible pour ne pas risquer de s'égarer.
En sortant du bois, changement de décors, j'arrive dans un très beau chaos de rochers où la navigation est plus délicate... Par chance, de bons samaritains ont marqué le chemin de nombreux cairns, bien plus efficaces que le vieux balisage en peinture jaune presque effacée.
Je n'échappe pas au "piège à touriste", le passage dans une impressionnante brèche qui permet de faire le tour du pilier Est. Tour qui ne sert à rien puisqu'il me ramène sur mes pas où il me faut quelques instants pour trouver la suite de l'itinéraire.
En fait, il faut juste tourner le dos à la brèche pour trouver une petite corde dynamique tirée entre trois spits...
... et se lancer dans quelques pas d'escalade dont ceux qui me connaissent savent à quel point je raffole... Encore que je me suis un peu amélioré sur ce point ces derniers temps. Pour preuve, c'est ce passage délicat (pour mon niveau) qui m'avait bloqué jusque-là, alors qu'en fin de compte, avec un peu d'expérience, ça ne présente pas de difficulté insurmontable ni de prise de risque inconsidérée.
Ne reste plus maintenant que quelques dizaines de mètres assez raides pour atteindre le sommet et savourer la vue :
Ici, je suis vraiment seul au monde ! Je prends quelques minutes pour admirer le vol impressionnant d'un grand rapace (vautour ou aigle royal, difficile à déterminer avec le contre-jour). Je tente de le prendre en photo, mais encore une fois je ne suis pas équipé pour. Vivement que je puisse m'offrir un nouvel appareil photo plus polyvalent pour la randonnée.
Mais c'est pas le tout, il faut penser à rentrer maintenant. Les petits pas de désescalade se passent bien et je retrouve vite le beau chaos de pierres :
Pendant la descente dans la forêt, je suis limite euphorique ! L'air est à la température parfaite, je suis comme sur un petit nuage, ce qui ne serait absolument pas le cas engoncé dans des vêtements trempés de sueur. A ceux qui se demandent encore où peut se trouver le plaisir de randonner nu, il fallait être avec moi à ce moment-là pour saisir cette évidence !
De retour au niveau du plateau, je vais saluer les chevaux mais je ne fais que les déranger pendant leur sieste alors je préfère les laisser tranquilles et poursuivre ma route :
A Laboudou, je constate que le lac de Peyssier a bien baissé mais on peut encore apercevoir de l'eau sur sa partie la plus basse. Moins fatigué et avec un peu plus de temps, j'aurais bien tenté de m'y tremper, mais je n'ai pas le courage de faire le détour.
Je m'en retourne donc à mes pâturages saluer ses charmants habitants :
Jusqu'à retrouver, comme indiqué sur le panneau, l'ancienne ferme des Oustaous et sa vue sur les roubines (terres noires).
Fin du plat, les jambes commencent à fatiguer et j'hésite à profiter des tables de pic-nique pour leur accorder un petit répit. Mais en ce moment, je suis plutôt dans un esprit "marche ou crève", alors je continue bêtement...
Sauf que, bien que ce soit le même sentier que ce matin, je le trouve nettement moins sympa ! Les articulations souffrent sur cette caillasse et je m'accorde quelques pauses pour les soulager. Je rêve même d'une grande piscine où je pourrais me délasser avec délice ! Je profite tout de même de la vue entre les deux piliers qui offrent, en outre, de bons points de repère pour se rendre compte du chemin parcouru (voir avant-dernière photo) :
Je suis toujours aussi impressionné, en voyant ces strates quasi verticales, par les forces incommensurables qui ont permis leur déformation et leur soulèvement :
Je retrouve enfin la forêt et son sentier de terre tellement plus agréable sous mes pas, sans compter l'odeur enivrante des pins chauffés par le soleil. Je profite de l'un des passages de gué pour m'asperger les bras et les jambes, ça fait un bien fou !
Du coup, je suis presque surpris d'arriver aussi vite à la maison forestière alors que j'ai tant trainé sur la partie caillouteuse.
Il n'y a toujours personne alentour alors je pose mes affaires à la voiture et m'en vais faire le tour du propriétaire. Je ne peux juger de la qualité du gîte mais tout son environnement proche est vraiment sympa. Il ne me déplairait pas d'y passer quelques jours. La vue depuis la petite pelouse à l'arrière me permet de retrouver les deux piliers entre lesquels je suis passé tout à l'heure et dont l'altitude est sensiblement la même que celle du plateau de Peyssier :
C'est presque dommage que cette maison forestière soit si isolée et que le nombre de sentiers de randonnée soit limité car ce serait un endroit parfait pour passer quelques jours en mode naturiste !
Pour redevenir terre-à-terre, les chiffres du jour sont : 13km avec 1030m de dénivelée (concentrés sur 4,5km, ce qui fait de belles pentes comprises entre 20 et 30%, voire 40% sur de cours tronçons) parcourus en 6h30, nu de bout en bout sauf sur la traversée du plateau où j'aurais pu rester nu, finalement.
Ajouter un commentaire