Dévoluy - Col de Matacharre
- Le 10/02/2018
- Dans 2018
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La météo prévoyant un temps correct avec relativement peu de vent, j'hésite sur l'itinéraire à prendre aujourd'hui. Mais l'état de l'une de mes raquettes, platine fissurée lors de ma dernière sortie, m'incite à la prudence. Je m'oriente donc sur le secteur de Matacharre avec deux objectifs possibles : le col de Vente-Cul (14km A/R) et le col de Matacharre (20km A/R). Par chance, la piste forestière est presque praticable sur 2,5km et je me gare là où il ne semble plus raisonnable de rouler...
Du coup, je m'élance directement, habillé et raquettes aux pieds, sur la piste bien connue du col de Matacharre. Arrivé au gîte éponyme, j'hésite à tomber les vêtements mais il fait encore froid et je sais que je vais entamer une descente d'1,5km pendant laquelle je risque de me refroidir.
Personne n'est passé par ici depuis au moins deux semaines et, si je distingue vaguement d'anciennes traces, je dois faire la mienne dans une neige froide mais un peu collante.
Passage du gué du Rif de l'Arc. Je crois bien que c'est la première fois que j'arrive à le traverser sans me mouiller les pieds !
Après la traversée du Torrent de la Pisse, la légère montée et le grand soleil me permettent enfin de me déshabiller. Quel plaisir de sentir ce délicieux contraste entre l'air frais (il doit à peine faire 0°C) et la douce chaleur du soleil sur la peau.
Et puis, fini le T-shirt humide de transpiration ! La thermorégulation est parfaite et le ressenti à l'effort n'en est que plus agréable. Pour la petite histoire, je me rends compte au moment de faire ce cliché que je n'ai plus mon trépied ! Bon sang d'pétard, je l'ai laissé accroché dans l'arbre à ma précédente photo, grrr... Heureusement que je fais un aller-retour !
La piste a été empruntée par un quad qui a laissé des traces un peu effacées mais embêtantes : dans la trace des pneus je n'ai pas la place de passer mes deux raquettes et entre les pneus il y a deux petits bourrelets qui ne rendent pas la marche naturelle. Je zigzague donc pour équilibrer l'effort mais par chance je me sens en forme et la douce pente (entre 8 et 10%) s'avale très facilement.
En plus de toutes mes bonnes sensations physiques, la vue sur les sommets environnants est un pur régal dont je ne me lasse jamais.
Lorsque j'arrive à une barrière, je sais qu'il me reste 1,5km plus difficiles : la pente est plus raide (13-14%) et le quad a fait demi-tour. Du coup, j'ai moins de portance sur la neige et celle-ci colle à mes raquettes, les alourdissant fortement. J'ai déjà parcouru 7km et je sais que si je vais jusqu'au col, ça me fera un parcours total de 17km ! En raquettes, ça commence à faire beaucoup pour mon niveau. Tant pis, j'y vais à l'orgueil...
Lorsque j'arrive enfin au col, je ne résiste pas à l'envie de retrouver sa fontaine qui a presque disparu sous la neige :
A titre de comparaison, voici à quoi elle ressemble aux beaux jours, ça donne une idée de l'épaisseur de neige :
Je n'ai plus la force ni le courage de monter jusqu'à la crête de la Cuculière pour faire une belle photo de la face sud de la montagne d'Aurouze, alors je me contente de cette vue partielle à travers sapins et mélèzes :
Il est déjà 14h00 et je sais d'expérience, à l'automne, que si je ne repars pas immédiatement je vais passer une bonne partie de la descente à l'ombre. Comme je n'ai pas faim, je ne m'accorde donc aucune pause de façon à profiter au maximum de ce merveilleux soleil.
Mais ça ne loupe pas, je me trouve trop rapidement dans l'ombre et commence à me refroidir. Je retrouve par moment de minces percées ensoleillées, mais ça ne suffit pas. Je me sens dans la peau du lévrier qui court derrière le lapin mécanique sans jamais réussir à le rattraper... A la faveur d'un trou de soleil, je fais enfin une courte pause pour me rhabiller et manger quelques pâtes de fruits, histoire de reprendre des forces avant la montée à venir.
A noter, dans la photo ci dessous, que les animaux profitent eux aussi des traces du quad pour faciliter leurs déplacements. C'est d'ailleurs un petit plaisir supplémentaire que d'admirer toutes ces empreintes de pas dans la neige : lièvres, ongulés, canidés et autres que je ne reconnais pas, qui se suivent et se croisent.
Les deux torrents passés, je change de versant et retrouve le soleil mais, fatigué, je n'ai pas le courage de remettre mes vêtements dans le sac à dos. Je garde donc mes forces pour la montée et c'est d'un pas lent que je me rapproche du gîte en savourant la vue sur la Dent d'Aurouze :
A l'approche de la voiture, je dois traverser quelques courtes zones où la neige a complètement fondu à cause de leur exposition plein sud. Je baisse donc un peu la cadence pour ne pas trop abimer mes raquettes et en profite pour photographier la montagne de Céüse :
Et voilà, j'arrive à la voiture, bien fatigué mais sans excès ! L'occasion d'apprécier une petite partie du chemin parcouru. A titre d'information, le col de Matacharre est visible sur la photo ci-dessous : sur la montagne d'Aurouze, du sommet situé à gauche (Tête des Pras Arnaud), on descend à droite vers la combe de Mai surplombée du Pic de Mai. Le col de Matacharre se trouve à l'aplomb de cette combe, sur la crête boisée :
Sur le retour, je fais une pause pour un dernier cliché de cette montagne que j'aime tant :
Cette journée constitue un nouveau record pour moi : 17km avec 640m de dénivelée en raquettes, heureusement que la progression était facilitée par la qualité de la piste, large, en pente douce et régulière. J'ai tout de même marché pendant presque 5h30, dont un peu plus de 3h00 nu. Et ça, ça fait vraiment du bien !