Préalpes de Digne - Sommet de Chine

Vincent propose que nous avancions légèrement sur la piste forestière avec les voitures. Excellente idée qui nous permet de démarrer en tenue légère et de quitter très rapidement nos short et paréo. Yesss !

La piste traverse le lit du minuscule torrent de la Fontarasse dont on imagine à peine, vue sa largeur, ses terribles crues.

La piste s'arrête aux maisons de Vaux, apparemment inhabitées cette année, et se transforme en petit sentier bien marqué.

Le sentier longe le torrent de la Descoure que nous traversons à 2-3 reprises avant d'atteindre un embranchement qui nous offre la possibilité d'un petit détour jusqu'à la Cabane de Chine. Je suis un peu hésitant puisque, d'après la carte, le retour vers le col de Clapouse nous ferait traverser un pierrier dans lequel disparaît le sentier... La présence d'une échappatoire fini de me convaincre de faire varier cet itinéraire connu.

Au fur et à mesure que nous grimpons, la crête de l'Adroit de Vaux nous offre un relief des plus expressifs :

Arrivés au collet de Chine, alors que nous n'avons vu que peu de fleurs jusqu'ici, nous sommes accueillis par ces belles, mais toxiques, Aconit de Burnat :

Il y a deux ans, je peinais à suivre Vincent mais un subtil transfert de masses semble s'être opéré dans ce laps de temps et, à la faveur d'un entrainement assez intensif depuis plusieurs mois, il m'est plus aisé de prendre de l'avance dans les pentes. Malheureux Vincent, je poursuis jusqu'ici mon harcèlement ! 

La cabane de Chine, réhabilitée l'an passé, offre quelques sympathiques commodités. Outre la fontaine de laquelle coule une eau fraîche et limpide et les toilettes sèches, le local du fond offre le spartiate luxe d'un âtre, d'une table avec bancs et de deux lits superposés tout neufs avec matelas en mousse, s'il vous plait ! 

Hormis son toit de tôle, elle me plaît drôlement cette cabane dans son écrin de "jaunure" !

Souhaitant rejoindre le col de Clapouse, nous nous dirigeons vers le pierrier l'esprit serein puisqu'en cas de problème il nous sera toujours possible de rebrousser chemin vers la cabane et remonter sur le versant opposé :

Bon, je dois concéder que la sérénité, je l'ai vite perdue au moment de s'embarquer dans ce pierrier... Plus aguerri que moi à l'exercice, Vincent inverse les rôles en jouant les chamois sur cette pente instable pendant que je me transforme en petit vieux à déambulateur, quasi tétanisé sur mes bâtons... Heureusement qu'il est là pour m'encourager car, seul, je ferais demi-tour !

Et ça aurait été bien dommage car la vue est d'une beauté saisissante !

Et le sentier, quasi à plat, nous conduit sans effort au col :

En contrebas, nous apercevons l'abris de berger longeant le sentier principal et le refuge du Seignas :

Le point de vue, comme prévu avec une telle météo, est superbe. Ça nous permet de nous rendre compte de ce que nous avions loupé la dernière fois :

Notamment cette brèche sur la crête des Monges qui me semblait bien énigmatique dans les nuages :

Mais également cette vue sur toute la partie Sud du Dévoluy. Alors qu'il m'a fallu plus de 1h10 de route pour venir jusqu'ici, je suis surpris par la relative proximité du massif. On arrive même à deviner les antennes des radiotélescopes de l'IRAM sur le Plateau de Bure :

Vers le Nord, j’analyse une partie de l'itinéraire "bis" (celui de 25km) que j'avais envisagé, tout au long de cette crête jusqu'au point culminant du Sommet de Clot Ginoux et bien au-delà. Je garde tout de même l'idée en tête pour une prochaine fois.

Nous retardons légèrement le moment du pic-nique pour poursuivre notre ascension :

L'occasion d'admirer ces emblématiques edelweiss :

Ce n'est qu'en arrivant au col de la Croix de Veyre que nous prenons le temps d'une rapide pause déjeuner avant d'entamer notre dernière montée jusqu'au Sommet de Chine, également appelé Rabanu. J'adore cette vue sur Les Monges :

Et cette fois-ci, personne en vue, ciel parfaitement dégagé, je peux faire cet impressionnant panoramique :

Les Cloches de Barles sont toujours attrayantes :

Échaudés par notre rencontre avec les chiens de troupeau et souhaitant varier les plaisirs, nous décidons de ne pas redescendre vers le col de Baran et de privilégier les pâturages de Chine en longeant plus ou moins les barres éponymes. C'est un choix que nous ne regrettons vraiment pas tant ces vastes étendues d'herbes grillées sont impressionnantes :

Et le paysage... Bla-bla-bla... Magnifique... Bla-bla-bla... Superbe... Bla-bla-bla... Je sais, je me répète, mais quel bonheur de pouvoir être là et de savoir apprécier la chance qui nous est offerte...

Alors que nous appréhendions quelque peu de retomber sur un troupeau et ses chiens de garde, nous constatons que la bergerie de Chine est déserte :

Depuis notre déjeuner, nous marchons hors sentier, mais nous retrouvons ici un peu de civilisation avec cette piste :

Au Rocher Bouirand, la carte indique un vague sentier permettant une belle économie de marche. Le sentier se perdant rapidement dans une végétation sauvage et compte-tenu de la pente, je préfère ressortir les bâtons. C'était sans compter sur la casse de l'un des clapets de serrage qui m’empêche de l'utiliser. La tuile ! Par sollicitude, ou par prudence, Vincent me propose de rebrousser chemin jusqu'à la piste malgré la pente à remonter et la loooongue piste à suivre en plein cagnard :

Dès que possible, nous coupons court à travers champs en évitant de nous approcher des fermes et habitations.

Ce qui nous permet d'avoir une vue intéressante sur les fameuses Barres de Chine où nous étions tout à l'heure :

Toujours enclin à trouver d'improbables raccourcis, Vincent nous refait passer à travers les fourrés, ce qui offre l'immense avantage de nous faire arriver aux voitures encore nus. Une belle performance ! Comme nous sommes garés juste à côté du torrent, nous en profitons pour prendre quelques minutes à nous y rafraîchir.

Sur la route, j'avais repéré ce matin un site où il serait sûrement possible de se baigner nus dans le Bès ; nous décidons donc de nous y rendre et nous y trouvons effectivement un endroit propice au naturisme, bien masqué de la route. L'eau a beau y être glaciale, Vincent parvient à s'immerger rapidement ; quant à moi, j'y laisse tout juste les mollets... Y parait que ça fait du bien là où ça fait mal... 

L'heure avançant et compte-tenu de la route qu'il nous reste à faire, il est maintenant temps de nous quitter, nous souhaitant de nous revoir l'été prochain. J'en profite pour te remercier pour ta générosité, ton humour, tes encouragements et, d'une manière générale, pour toutes nos enrichissantes ou futiles discussions.

Pour la petite histoire, nous avons parcouru environ 18km (compter un bon 17km sans les détours) avec plus de 1000m de dénivelée en 7h20, nus quasi de bout en bout sans croiser personne. Tout juste avons-nous aperçu 3-4 groupes de randonneurs au loin.

Et pour l'anecdote, en rentrant, j'ai contacté le fabriquant de mes bâtons de marche Guidetti basé à Grenoble pour leur signifier ma mésaventure et leur demander le remplacement de mon clapet cassé. Dans la semaine j'ai reçu gratuitement 4 nouveaux clapets dont la forme, légèrement modifiée, me semble bien plus efficace et moins sujette à mon problème de rupture. Comme quoi, acheter français peut présenter bien des avantages.