Dévoluy - Crête de la Lauze
- Le 27/08/2016
- Dans 2016
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Préambule : attention, cet itinéraire comporte des risques ; je ne recommande à personne de l'emprunter.
Après un premier puis un deuxième échec, je ne me suis toujours pas résolu à abandonner cette idée de boucle dans ce secteur sud du Dévoluy. C'est dans cet état d'esprit que je me gare ce samedi un peu au dessus du gîte de Matacharre et que j'entame la montée que je commence à bien connaître vers le Col de Conode.
A la montée, au détour d'un virage, je découvre un peu tard un homme avec un T-shirt de l'ONF. Alors que je commence à me couvrir, il me dit de ne pas m'embêter, que ça ne le dérange pas. Au col, je vois au loin le berger et là, j'ai bien le temps de mettre mon pagne avant de le saluer. Ce seront les seuls êtres humains que je verrais pendant toute cette randonnue.
Le court passage dans le Bois de Loubet est l'occasion de profiter de ses délicieuses douceurs :
A la Fontaine de Bure, je suis à nouveau accueilli par mes sympathiques et curieuses copines :
L'entrée du pierrier de Bure est marquée par un pierre qui pourrait sembler banale, si ce n'est cette empreinte d'ammonite qui sera l'occasion, au retour à la maison, de poursuivre une explication entamée la semaine passée avec ma fille cadette sur la Pangée, la tectonique des plaques et les strates de sédiments sous-marins devenues montagnes :
Allez, j'entame la traversée du pierrier :
Mais cette fois, je descends dans l'une des ravines torrentielles qui s'unissent en aval pour former le torrent de la Crotte :
Cette ravine est composée de blocs de calcaire de toutes tailles, de quelques grammes à plusieurs tonnes, le tout dans un amalgame dont la stabilité est toute relative. Régulièrement, il faut mesurer le risque qu'une pierre se dérobe et qu'elle en entraine d'autres, avec tous les risques que cela comporte dans cette zone isolée... Mais à un moment, je me dis qu'il faudrait quand même que je presse le pas. Deux secondes plus tard, je fais une glissade bien rattrapée et je me dis alors que, tout compte fait, il serait quand même plus prudent de prendre son tem..... Vlan !!!
Ça y est, je me suis pris une bonne gamelle, heureusement sans gravité malgré un coude écorché et douloureux et un poignet et un mollet eux aussi douloureux. Rien de cassé, je redémarre aussitôt mais suis rapidement contraint de faire une pause pour faire passer la petite chute de tension consécutive au choc. Une bonne vingtaine de minutes, des pâtes de fruits et un peu d'hydratation plus tard, je me relance prudemment dans la descente.
J'arrive finalement assez vite à l'endroit où doit se trouver, d'après les cartes, un sentier dans la forêt permettant de retrouver les alpages en amont. Je ne trouve pas le sentier mais décide d'aller malgré tout dans la direction indiquée par le GPS. Avec la pente, je galère un peu avant de trouver en contre-bas ce fameux sentier balisé d'un gros point rouge. J'aurais sans doute dû descendre encore un peu dans le lit du torrent pour le trouver.
A la sortie de la forêt, ça grimpe dans une végétation maintenant plus aride sur cet adret. Mais dès que la vue se dégage, je peux contempler l'alpage du troupeau de vaches que j'avais vu depuis l'autre versant :
Et en face, la Crête de la Clappe avec, au centre, le Col des Roux qui me rappelle la randonnue des cabrettes :
La vue sur le chemin déjà parcouru est superbe. Je me sens si petit et, en même temps, tellement à ma place.
Dans un premier temps, j'avais prévu de remonter jusqu'au sentier barré de ma précédente tentative, mais ayant perdu du temps, je me contente de poursuivre dans ce nouveau décor :
Un dernier regard en arrière sur le Pic de Bure avant d'entamer un très sympathique sentier en sous-bois qui préserve un peu de fraîcheur en cette chaude journée :
J'arrive alors sur la Crête de la Lauze et là, j'en prend plein les mirettes... Je me répète un peu au fil du temps, mais que j'aime ce type de paysage ! Tous les efforts et les douleurs me semblent bien peu de choses face à un tel spectacle :
Il commence à faire vraiment chaud, mais le sentier est facile ici avec une légère descente en direction de la Crête de la Plane :
Juste à côté, il y a un bivouac de berger et je me dis que je me réveillerai bien, moi aussi, une fois, avec ce paysage :
La crête de la Tête du Château est l'occasion d'un panoramique qui décoiffe :
Je coupe sur cette crête pour rejoindre le sentier du Col de Rabou. Je l'imaginais bien tracé mais il est finalement assez sauvage et visiblement peu emprunté. Du coup, j'en profite pour observer le tracé jusqu'au col pour une éventuelle future randonnue Rabou - téléphérique de l'IRAM :
La végétation desséchée confirme bien la sensation de chaleur...
Du coup, après une bonne descente sous le cagnard, j'arrive au torrent de la Crotte (celui-là même que j'ai quitté deux heures et demie plus tôt) et je fais une bonne pause salutaire où je m’asperge allègrement de son eau fraîche et en profite pour me désaltérer et manger un peu. En trente minutes, j'ai un peu rechargé les batteries et je me sens prêt à attaquer la suite...
A quelques mètres se trouve la chapelle que j'avais déjà eu l'occasion de visiter en 2013 :
Je repense à la discussion que j'ai eu deux semaines plus tôt avec les archéologues qui étudiaient la Chartreuse de Bertaud et cet ancien hameau (cf. article dans le Dauphiné Libéré) et j'essaie de me projeter dans la vie qu'ont pu avoir des familles qui ont aménagé et habité en cet endroit hors du monde et du temps avant de devoir l'abandonner il y a maintenant plus d'un siècle :
Mais trêve de rêveries, une longue montée jusqu'au Col de Conode m'attend. Dans un premier temps, c'est un très beau sentier en forêt avec une pente qui me convient parfaitement et me permet de forcer un peu le pas. Je suis vraiment trop bien, caressé à tour de rôle par les rayons encore chauds du soleil traversant la canopée et la douce fraicheur du vent.
L'arrivée à la "bergerie" de la Grangette signe la fin de la forêt et de ce si beau sentier maintenant remplacé par une large piste forestière caillouteuse.
La montée me semble raide et longgguuuuuueeeeeeeeeeeeee... La fatigue physique s'installe à mi-chemin de ces 460 mètres de dénivelé positif. Du coup, tout est propice à égayer cette montée. Je m'imagine un dialogue absurde entre mon corps qui s'insurge de ce que mon esprit lui inflige une telle torture et ce dernier lui rétorquant que, gras comme il est, ça ne lui ferait pas de mal et qu'il ferait mieux de bien fermer son clapier ! Ouais, ça vole pas haut mais, là, je suis au taquet côté intellect...
J’interromps juste ma montée en mode zombie pour photographier cette carline impromptue le long du sentier devenu tristement schisteux :
Enfin, j'arrive au col et en profite pour prévenir mon épouse de mon léger retard avant qu'elle n'alerte les secours. J’appréhende les trois kilomètres de descente jusqu'à la voiture, mais en fait les jambes vont bien et ces dernières longueurs sont finalement agréables.
Arrivé à la voiture, ma montre bardée de capteurs me propose les statistiques de cette randonnue. En tant que bon geek, je ne résiste pas au plaisir de vous les partager : plus de 21km, 1100m de dénivelée et 25'000 pas parcourus en 8h30 de nudité en toute liberté. Fatigué, mais tellement heureux, je la referais bien d'ici un an ou deux !
Commentaires
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- 1. Christophe Le 30/08/2016
Je ne suis pas particulièrement un amoureux de la montagne, cependant les clichés sont magnifiques. En les regardant, j'ai l'impression que tu te trouves à 10.000 kilomètres de la France. En plus,il n'y a pas foule ! C'est fabuleux ! Surtout l'été car en hiver.....
La France est un pays de cocagne. Mais si nous étions mieux dirigés !
Christophe
Merci pour ton commentaire. C'est vrai qu'ici on peut passer des journées entières en pleine nature sans voir pratiquement qui que ce soit, même sur certains GR !
Et tu as bien raison de le signaler, nous vivons dans un magnifique pays aux innombrables et inestimables ressources naturelles. Sachons les apprécier et les respecter...
Franck
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